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 Chapitre 2

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Yindrel Eryl'Anthiir
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Yindrel Eryl'Anthiir


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Date d'inscription : 21/10/2008

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MessageSujet: Chapitre 2   Chapitre 2 Icon_minitimeDim 12 Déc - 1:11

Le feuillage des arbres aux reflets argentés dansait dans un bruissement léger. Le murmure du vent s'engageait dans chaque interstice, chantant sa douce mélodie aux oreilles de qui savait écouter. Tout était silence excepté cette discrète chanson. Par moment, on pouvait croire que les feux, à présent à l'état de simples braises joignaient leur voix à celle du vent, crépitant dans la nuit et enveloppant les ombres d'une aura rougeoyante qui se dissipait et se ravivait au gré des caprices du chanteur silencieux.

Tout était vide, désert, cependant plein de vie. Aucun être vivant ne foulait le sol pavé. Tous avaient regagné leur foyer, depuis longtemps déjà. Le souffle du vent avait fusionné avec le souffle des haraz de la cité, doux et serein, rythmé, comme un chant. Apaisant. C'était le mot. L'ambiance de cette nuit de fête était reposante.

Cependant, une âme était là, éveillée, à observer ce spectacle magique qui n'avait aucune origine arcanique.

Enveloppée dans un long tissu brodé de feuilles dorées, une jeune elfe observait les vestiges de la fête de la veille, son esprit divaguant vers des informations qu'elle avait reçu quelques heures auparavant. Une légende. Un mythe qui pouvait finalement être réalité, voire bien plus. Tel était ce qu'elle avait tiré de l'enseignement de son père.

Pourquoi renier l'évidence et la cacher si cette épée n'était pas précieuse ? Telle était la question que se posait Alniyiah. Si cette lame n'était qu'une lame ordinaire, pourquoi serait-elle convoitée ? Et pourquoi son père refusait-il de parler quand elle demandait plus d'explications ? Ce mage, Kelnozz si elle avait bien retenu le nom, que ferait-il d'un morceau d'acier ordinaire ?

« Non, elle doit avoir quelque propriété magique, ou autre chose que je n'imagine peut-être pas, pour être ainsi convoitée. Mais laquelle ? » se demanda Alniyiah à voix haute, ne doutant pas une seconde d'être seule à entendre ces paroles.

Cette épée l'avait fascinée pendant toute son enfance, où elle avait entendu moult légendes à son sujets, toutes différentes, mais toutes semblables. Selon le conteur, la légende changeait, mais l'aspect merveilleux restait intact et les mots qu'ils employaient, même anodins, l'avaient à chaque fois ramenée dans un passé tellement lointain, mais tellement palpable...

Ce soir là, elle avait une autre fois entendu parler de cette lame, mais l'effet fut différent. Elle s'était surprise à craindre cette épée, à réaliser ce qu'elle était vraiment – du moins, en partie. Elle comprit alors pourquoi son père s'était opposé à la demande de cet homme. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de pressentir un malheur si la lame n'était pas livrée...

Chaque seconde, elle ne pouvait s'empêcher d'y penser. Sa curiosité avait été éveillée plus que d'ordinaire, et elle était prise d'une envie de voir de ses propres yeux cette épée que son père semblait tant redouter. Elle devait y aller, elle devait se rendre à Darkhenyâ, la montagne où était conservée cet artefact. La route allait être longue, et sans aucun doute dangereuse. Elle était folle de vouloir partir ainsi, mais elle le savait et était prête à assumer les conséquences de ses actes si jamais les choses venaient à mal tourner pour elle.

Lentement, elle détacha ses yeux du spectacle magnifique qui se tramait à l'extérieur pour faire face à la pénombre de sa chambre. Elle se vêtit d'une robe assez chaude pour supporter les températures fraîches des nuits et des matinées dans cette région du monde. L'hiver se rapprochait et les gelées matinales se faisaient de plus en plus fréquentes.

Elle sortit de sa chambre, veillant à ne faire aucun bruit et à ne croiser aucun serviteur.

Par chance, ceux-ci étaient au même moment occupés à discuter bruyamment des événements de la journée dans leurs quartiers. La Fête du Feu, même pour de simples serviteurs, était source de réjouissances et leur procurait chaque automne un peu plus de liberté qu'à l'accoutumée, malgré tout le travail qui les guettait ensuite.

Alniyiah parcourut donc les couloirs, ses sens en alerte, prête à rebrousser chemin si quelqu'un venait à arriver dans sa direction.

Le palais de la ville était silencieux. Agréablement silencieux. Les couloirs étaient frais, comme chaque nuit quand les feux faiblissaient et leur chaleur commençait à s'estomper. Ici et là, des torches illuminaient faiblement les couloirs, leur flamme vacillant doucement avec les mouvements de l'air. Au fur et à mesure qu'elle avançait, les torches se faisaient moins nombreuses et la fraîcheur l'emportait peu à peu sur la douce chaleur fraîche dispensée au coeur de l'édifice.

La luminosité baissait lentement le long du couloir, parfois ravivée par quelques faisceaux lumineux que l'astre nocturne diffusait en cette nuitée. Dès qu'elle pouvait, Alniyiah ne pouvait s'empêcher de regarder cet astre qui lui inspirait généralement le calme et la sérénité. Elle sortait souvent, la nuit, pour marcher dans les jardins de la ville, baignée par la lumière de l'Elun, comme les Haraz l'appelaient.

Elle réalisa que cette nuit là, sa promenade nocturne irait plus loin que les magnifiques agencements végétaux d'Alz, mais qu'elle pouvait aussi donner la réponse habituelle à quiconque lui demanderait sa destination. Elle avait décidé de ne prendre que le strict nécessaire de nourriture, pensant s'arrêter dans un des quelques villages du Sud avant de traverser la forêt Aliyia. Ce serait un passage obligé, et par chance, elle commençait à la connaître. Elle y était allée de nombreuses fois pour différentes raisons et ne doutait pas un instant de pouvoir en sortir sans s'y perdre.

Sortant de ses pensées, elle réalisa que le couloir se terminait à quelques mètres d'elle, une simple porte en bois l'attendant. Une fois à portée, elle en saisit la poignée et la fit pivoter, veillant toujours à ce que personne ne puisse la surprendre. Elle tenta ensuite tant bien que mal d'ouvrir la porte en question dans que celle-ci ne grince.

Une fois à l'extérieur, elle la referma précautionneusement, comme à son habitude.

La nuit était tombée depuis déjà un certain temps. L'air se faisait frais et humide, les gelées matinales n'allant pas tarder à tomber sur la ville et le royaume, comme partout ailleurs en cette période de l'année.

L'astre nocturne éclairait assez pour y voir correctement. Il y avait une ambiance de calme, de plénitude, comme si toute vie avait cessé et s'apprêtait à renaître en silence avec les lueurs du jour.

À pas de loup, elle se dirigea vers les écuries du palais, écoutant le gazouillis de quelques oiseaux nocturnes. La grande porte en bois était entrouverte et elle la poussa. L'écurie était à présent faiblement éclairée par la lumière extérieure pénétrant par des ouvertures faites en hauteur dans le bâtiment.

Une silhouette à l'apparence inquiétante se dressait contre le mur de l'entrée. Elle semblait immobile et trop dans l'obscurité pour parvenir à identifier la personne qui se trouvait là. Aucun bruit, juste le silence.

Soit cette personne – peu importe qui c'était – dormait, soit elle guettait le moment propice pour la surprendre. Elle sentit le rythme de son coeur s'accélérer à cette pensée, ne voulant surtout pas se faire prendre. Tachant de ne faire aucun bruit, elle se dirigea vers le cheval qu'elle avait l'habitude de monter. Elle le caressa à l'encolure en guise de salut. Celui-ci sembla surpris de la présence de sa cavalière habituelle et poussa un hennissement à son contact. Elle lui murmura quelques mots au creux de l'oreille, comme pour l'apaiser bien que sachant que c'était inutile. Avec toute la discrétion dont elle était capable, elle sella et prépara son cheval minutieusement. Elle chargea ensuite les quelques affaires qu'elle avait prises et commença à diriger l'animal vers l'extérieur, lui intimant l'ordre d'être le plus discret possible, espérant qu'il comprenne.

Ci et là, des ombres bougeaient et des bruits de froissement se faisaient entendre. Sans doute les autres animaux qui avaient dû sentir leur présence, rien de plus. Elle pressa un peu le pas vers la sortie.

À quelques mètres de celle-ci, elle sentit soudain une main ferme se poser sur son épaule droite. Elle se retourna vivement, surprise et un peu effrayée. Une silhouette se dressait à présent devant elle. Une ombre gracile, masculine, qu'elle aurait dû reconnaître au premier regard. Mais la pénombre dans laquelle ils étaient tous deux enveloppés ainsi que la surprise ne lui permirent pas d'identifier la personne qui lui faisait face.

L'ombre s'éloigna de quelques pas, mais Alniyiah pouvait toujours sentir son regard posé sur elle. Elle aurait pu s'enfuir, profitant de cette occasion trop belle. Mais la partie d'elle-même qui voulait connaître l'identité de cette personne se fit plus forte que son instinct et l'emporta, l'empêchant de bouger.

Un choc entre deux matières solides se fit entendre, puis deux. Un crépitement caractéristique s'en suivit, ainsi qu'une lueur naissante à l'extrémité de ce qui semblait être une torche. La lueur gagna en intensité en l'espace de quelques secondes, illuminant un petit périmètre dans lequel tous deux se trouvaient, révélant ainsi de celui qui ferait sans doute échouer son plan.

Alniyiah ? demanda l'homme en lui adressant un regard inquiet. Malgré son allure gracile, cet homme était doté d'une force plus que respectable et maniait grand nombre d'armes avec une facilité déconcertante. Sa majesté, pour ces qualités là, l'avait d'ailleurs choisi pour diriger les entraînements des meilleurs soldats de son armée, ainsi que de former sa fille aux rudiments de l'art du combat.

La fille du roi ne répondit pas en un premier temps. Elle était trop surprise de le voir lui, Azanart Elindën, son maître lui enseignant les bases de l'art du combat défensif, dans les écuries royales au beau milieu de cette nuit sans nuages. Mais la véritable raison de sa présence s'imposa à son esprit quelques secondes à peine après ça. Comme tous les neuvièmes jours du mois, il était chargé de la garde de ce bâtiment. Il en était ainsi depuis toujours, pour autant qu'elle sache.

Instinctivement, elle avait baissé les yeux de honte. Elle se doutait qu'il lui demanderait où elle allait. En bon protecteur loyal, il le ferait. Et elle n'était pas sûre de pouvoir lui mentir. Elle n'y était jamais parvenue. Il lui inspirait quelque chose d'indéfinissable qui la poussait inexorablement à dire la vérité, tout comme le faisait Zayiah Armon'Thaar, cette eweà qui avait volé le cœur de son père. Cette fois-ci n'était pas différente. Une fois de plus, elle sentit le tissu de mensonges qu'elle avait soigneusement conçu avant de quitter sa chambre s'émietter peu à peu. Elle redoutait à présent la réaction de Maître Elindën quand elle lui expliquerait. Il avait été présent, la veille, quand le roi avait révélé les informations sur cette épée et son histoire. Il comprendrait rapidement et elle n'aurait pas à rentrer dans les détails, ce qui lui fit pousser un soupir de soulagement.
Alniyiah ? répéta l'elfe dont le visage était maintenant illuminé par la lueur des flammes de sa torche. Le ton de sa voix traduisait une inquiétude certaine, tant par cette présence inhabituelle que par l'absence dont la fille du roi semblait être victime.
La jeune haraz releva les yeux et plongea son regard dans celui d'Azanart quand il prononça son nom pour la deuxième fois. Elle lui adressa un sourire timide, essayant par cela de masquer la tension qui montait en elle.

Oui, Maître ? répondit-elle timidement.

Au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient, elle sentait sa volonté de mentir vaciller. Elle ne pouvait plus revenir en arrière. Elle avait vu son regard inquiet. Il avait dû comprendre que ce n'était pas une sortie habituelle comme elle faisait parfois, accompagnée ou non de la future reine. Instinctivement, elle rabaissa les yeux.

Que faites-vous ici en cette heure tardive ? demanda-t-il tout en jetant un coup d'oeil furtif à l'extérieur afin de regarder la position de l'Elun dans le ciel. Contrairement à ce qu'aurait pu penser Alniyiah, la voix du maître d'armes n'avait pas un ton de reproches. Il semblait inquiet et nerveux.

Je... Je n'arrivais pas à trouver le sommeil, avoua-t-elle en bafouillant un peu, sans trop en dire et sans mentir.

Le guerrier lui lança un regard compréhensif. Ce qu'il avait entendu la veille le faisait aussi ruminer et l'empêchait de trouver le repos après cette journée.

Moi non plus, avoua-t-il en contemplant une nouvelle fois les étoiles. Puis il se tut, appréciant le calme de cette nuit.

Après quelques longs instants, il se retourna vivement vers la fille du roi.
Vous vouliez aller quelque part ? lui demanda-t-il enfin. Il savait que la vraie réponse serait affirmative. Mais il espérait surtout une information quant à sa destination. Le visage de la jeune elfe s'empourpra à cette question. Elle loua la semi-pénombre dans laquelle elle était plongée de ne pas trop le révéler.

Elle prit une profonde inspiration et son courage à deux mains et se lança dans une longue explication agrémentée d'arguments. À plusieurs reprises, Azanart Elindën sembla acquiescer, mais il ne dit rien et se contenta d'écouter.

Après tout, elle a raison, pensait-il. Si cette épée est si dangereuse et si importante, elle ne doit pas tomber entre de mauvaises mains. En tant que guerrier accompli, il ne savait que trop bien qu'une arme ou un objet un tant soit peu puissant était préférable entre les mains d'alliés que d'ennemis. Il arrivait parfaitement à comprendre ce qu'elle lui expliquait. Cependant, il s'imaginait bien que cela représentait un grand danger que d'aller récupérer cette épée... tout autant que de la céder...

Je comprends, se contenta-t-il de dire dans un premier temps, le visage inexpressif.

À ces mots, Alniyiah parut étonnée. Elle n'aurait jamais imaginé que pour seule réponse, elle aurait eu ce genre de réplique. Il ne semblait pas en colère, n'avait pas bougé de lui barrer le chemin comme elle s'y attendait. Rien.

Cette situation la laissa sans voix. Elle se contenta de le regarder avec surprise. Mais elle sentit soudain le regard du guerrier se faire plus insistant et moins compatissant.

Vous rendez-vous compte du danger, des dangers que vous courrez à vouloir aller là-bas ? Seule, qui plus est ! Son air était à présent réprobateur, mais le ton de sa voix, bien que sec demeurait empli de crainte pour elle.

Oui, j'en suis consciente, avoua-t-elle en baissant les yeux. La question de son interlocuteur raviva dans son esprit ce qu'elle avait entendu sur les contrées qu'elle devrait traverser et leur nature hostile

Je ne puis vous laisser partir... déclara-t-il avec un ton sec et ferme. ...Seule, acheva-t-il après avoir marqué une pause.

Alniyiah fronça les sourcils. Elle ne savait plus comment interpréter ces paroles. Elles révélaient le côté protecteur du guerrier qui ne voulait pas risquer la vie de la fille de son monarque, mais aussi une envie certaine d'y aller aussi. Elle l'interrogea du regard son incompréhension faisant trembler ses mains, qu'elle avait cachées, de peur de ne pouvoir partir.

Azanart Elindën avait fermé les yeux, humant les senteurs diverses que le vent nocturne portait à ses narines. Quand il rouvrit les yeux, il les posa sur la monture d'Alniyiah, qui était paisiblement partie mâcher un peu de foin à quelques mètres d'eux. Il la regarda un moment avant de plonger son regard dans celui de sa jeune élève.

Il vous faudra quelqu'un pour veiller sur vous, Alniyiah, déclara-t-il sur un ton on ne peut plus sérieux. Il la toisa longuement, tentant de déterminer les limites de sa volonté à accomplir ce qu'elle voulait. Mais il ne vit pas la peur de ce qui l'attendait dans ses yeux. Elle semblait déterminée, persuadée que tout irait bien. Il savait qu'ils rencontreraient leur première difficulté plus tôt qu'elle ne le pensait.

La fille de Mahylen Azalkayanah s'était contentée d'approuver la remarque protectrice du maître d'armes. Cette phrase allait dans le sens de ce qu'elle espérait, et elle priait pour ne pas se méprendre quant à leur sens.
Mon devoir est de vous protéger quoi qu'il advienne, Majesté. Il s'inclina alors respectueusement avant de se redresser pour poursuivre sa phrase.
Laissez-moi vous accompagner dans la mission que vous vous êtes donnée, aussi dangereuse soit-elle. Il inclina la tête, attendant une réponse.

En guise d'acceptation, Alniyiah se contenta de lui mettre la main sur l'épaule et de lui adresser un sourire reconnaissant.

Surpris de ce geste, il releva la tête avant de l'incliner à nouveau respectueusement. Après quelques longues secondes, il recula de quelques pas, veillant à toujours faire face à l'héritière du trône de l'Ahel. Une fois assez loin d'elle, il se retourna, accrocha la torche au mur dans une encoche prévue à cet effet, puis s'éloigna, l'ombre l'enveloppant peu à peu.

L'attendant, ayant compris son intention, elle dirigea son regard vers le ciel, contemplant une fois de plus les étoiles avant de voir ce décor changer en descendant vers le Sud.

Le guerrier revint quelques temps après, l'air grave. Il était conscient que partir ainsi lui coûterait sans doute sa place de maître d'armes et de chef des armées de l'Ahel, mais il y avait réfléchi. Cela faisait tellement longtemps... tellement de temps qu'il n'était pas sorti des frontières du royaume... Accompagner Alniyiah lui permettrait de la protéger, respectant la promesse qu'il avait fait au roi, et de changer d'horizons. C'était en quelque sorte une libération, bien que la vie à Alz soit plus qu'agréable.
Il adressa à la jeune femme un sourire nerveux et respectueux avant de diriger sa propre monture vers l'extérieur. Alniyiah lui emboita le pas en silence après avoir grimpé sur son cheval.

À la lueur de l'Elun, la robe de la fille du roi semblait ne faire qu'un avec celle de l'animal, tout comme l'âme de la cavalière semblait fusionner avec celle de la bête. Azanart, tout comme ses proches, se demandait parfois si elle ne savait pas communiquer avec lui tant leur complicité semblait grande.

Regardant une dernière fois le palais familial pour une durée inconnue, Alniyiah ne put s'empêcher d'arborer un air triste, empli de culpabilité avant de détourner les yeux et de lancer son cheval au galop vers la sortie de l'enceinte du palais, oubliant sur le moment de rester discrète. Le maître d'armes fit de même quelques secondes après elle, ne pouvant s'empêcher de penser qu'il avait perdu une partie de lui-même dans cette décision.

Par chance, les gardes chargés de surveiller la porte principale qui était maintenue ouverte en cette période festive, semblaient avoir succombé au sommeil. Par souci de discrétion, elle avait ralenti l'allure et intimé l'ordre de ne faire aucun bruit à sa monture. Celle-ci paraissait avoir saisi la chose.

Les deux gardes, des humains de confiance, étaient chacun avachis contre un pan de mur, les yeux clos et dans une position ne pouvant être adoptée que pendant le sommeil. L'un des deux, celui à la carrure la plus imposante, émettait même quelques sifflements et autres bruits étranges tout en dormant. Quelques fois, il ouvrait la bouche et prenait une grande inspiration bruyante avant de cesser et de laisser place au silence.

Alniyiah les regarda d'un air amusé, réprimait une envie de rire naissante, et continua son son chemin.

Une fois assez éloignés du centre de la ville où siégeait le palais, Azanart s'arrêta. N'entendant plus le bruit des sabots du cheval du guerrier sur les pavés, elle demanda à sa monture de cesser d'avancer. Puis elle se retourna vers lui, l'interrogeant du regard, le visage de l'elfe traduisait la préoccupation.

Nous devrions prendre des vivres. La forêt ne nous fournira peut-être pas assez pour parvenir jusqu'à Enaïkal, déclara-t-il, l'air grave.

Nous devrions en effet, répondit-elle, pensive. Allez en chercher, nous nous rejoindrons à la sortie Sud de la ville quand Yndël sera à son zénith. Elle prononça cette phrase sur un ton autoritaire qui ne lui ressemblait pas. Elle leva les yeux pour localiser l'étoile qu'elle avait cité et estimer le temps qu'elle avait accordé à Azanart. Moins d'une heure. Un temps relativement court, mais néanmoins suffisant et nécessaire s'ils voulaient avoir quitté la ville avant le lever de l'Inhael et que l'agitation ne reprenne ses droits dans les rues. Quand elle voulut reposer les yeux sur Maître Elindën, elle constata que ce dernier était déjà parti faire ce qu'elle lui avait proposé. Peu lui importait où et comment il se procurerait les vivres. Le connaissant un peu, elle de doutait qu'il les dénicherait d'une manière légale et respectueuse d'autrui. Bien évidemment, elle avait sous-entendu à l'extérieur de la ville. Espérons qu'il l'ait compris, murmura-t-elle pour elle même, seul le chant du vent lui répondant.

Avant même la fin du temps qui lui avait été imparti, Azanart parvint comme demandé sur le lieu du rendez-vous, cherchant Alniyiah des yeux. Ne la voyant pas au sein de la cité, il passa les portes, où il finit par l'apercevoir, un peu plus loin, l'attendant. Il dirigea sa monture, à présent chargée de deux sacs bien remplis pendant sur chacun de ses flancs, vers elle et lui adressa juste un signe de la tête. Elle fit de même et lança son cheval vers la forêt Aliyia, le chemin le plus court vers leur destination. Volontairement, elle ne se retourna pas afin de ne pas reculer et s'éloigna au galop de sa cité natale.
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