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 Chapitre 5

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Yindrel Eryl'Anthiir
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Yindrel Eryl'Anthiir


Nombre de messages : 2061
Date d'inscription : 21/10/2008

Chapitre 5 Empty
MessageSujet: Chapitre 5   Chapitre 5 Icon_minitimeDim 12 Déc - 13:59

Les trois haraz, plus ou moins méfiants, s'étaient engagés dans un étroit passage sous les racines de l'orme d'Yraan en emmenant avec eux leurs montures étant donné que d'après les dires des Arhtenelhien, le tunnel serait assez large tout le long du chemin pour permettre leur passage et un déplacement aisé. Juste avant que le passage ne se referme, Alniyiah s'était arrêtée brièvement en regardant en direction de la forêt, visiblement pensive. Azanart aussi. Elle avait cru entendre des bruits dans les fourrés. Et après ce qu'ils avaient pu constater à Enaïkal, elle commençait à douter de la réussite de la mission qu'elle s'était donnée. Avec les soldats de son père aux trousses, cela allait certainement se corser pour eux. Elle ignorait complètement de quoi était composée la troupe qui était chargée de les ramener -et elle ne voulait pas le savoir car cela signifierait qu'ils auraient été arrêtés- mais elle redoutait la présence d'au moins un des mages royaux. Tout simplement car ils auraient alors la possibilité de venir les chercher par téléportation, chose d'autant plus simple qu'ils avaient certainement dû être dénoncés voire repérés dans le village toleki.

L'hésitation des deux alnehuyën ne dura que quelques secondes, se faisant presser par l'adepte d'Eàrawyn, qui prônait la conservation de l'avance temporelle qu'ils avaient et qu'ils conserveraient au moins jusqu'à Ust. La prêtresse, dénommée Luelya, bien que peu loquace, semblait déterminée à les aider. Elle quittait son poste d'Yraan pour cela. Eàrawyn avait dû lui accorder cela voire le lui ordonner, sinon Iryllaë ne doutait pas une seconde qu'elle ne se serait pas permis de prendre une initiative qui irait à l'encontre de la volonté de sa divinité.

Par déduction, elle pensa qu'il devait en être de même pour les deux autres. Quoi que la dénommée Eyrilith, adepte de Vhaidra, ne semblait pas aussi convaincue que ses consœurs. Jugement subjectif de l'alnehuyë ou respect des opinions de la Silencieuse, seule elle pourrait répondre à cette interrogation. Elle semblait douter fortement. De quoi, en revanche, il n'était pas aisé de le deviner, même si une des suppositions les plus évidentes qu'émit pour elle-même et intérieurement la fille de Mahylen était celle concernant la nécessité de chercher l'épée et de la céder à celui qui se nommait Kelnozz.

Justement, ce Kelnozz, elle n'avait pas réussi à avoir la moindre information sur lui. Qui il était, était-il connu, qu'avait-il fait, où le trouver, rien ! Ni son père ni la reine n'avaient voulu ou su répondre à ses questions. Pourtant, se disait-elle, cela lui aurait été bien utile afin de mieux évaluer les risques et périls qu'il y avait à lui donner l'épée qu'il désirait...

Elle fut tirée de ses réflexions existentielles par la voix de la dénommée Shaeahavain, la prêtresse la plus bavarde des trois, et certainement la seule à être vraiment vêtue pour une expédition, les deux autres arborant leurs robes de cérémonie, chose qui ne semblait pas les déranger le moins du monde. A première vue, elle devait être une rôdeuse, un guide, comme les haraz se complaisaient à les appeler. Elle devait connaître les moindres recoins des forêts et plaines de cette région du monde. Sa présence était donc la bienvenue.

La quête de l'épée est dangereuse, déclarait-elle tout en avançant dans l'étroit passage souterrain. Vous ne pourrez y parvenir seuls... Elle laissa planer sa phrase, comme pour leur signifier qu'ils se surestimaient, ou sous-estimaient leurs ennemis, ici Kelnozz. Alniyiah, n'aimant pas avoir tort, manqua de peu de rétorquer qu'ils étaient à la hauteur de la tâche qu'ils s'étaient confiée. Ni Azanart ni Iryllaë ne dirent mot, approuvant les dires de leur guide.

Le silence se refit l'espace de quelques minutes avant d'être brisé par la fille du roi.

Où allons-nous ? Où... regagnerons-nous la surface ? Demanda-t-elle, un frisson lui parcourant l'échine. Elle ne semblait pas trop apprécier le fait de ne plus avoir le ciel au-dessus d'elle. Et elle n'était pas la seule dans ce cas-là.

Nous retrouverons la lumière de l'Inhael à Ust, annonça Luelya, devançant de peu Shaeahavain.

Ils poursuivaient leur chemin dans les profondeurs dans le liesse générale avec cette annonce, leurs pieds foulant le sol humide du tunnel. Ci et là, ils commençaient à entrevoir des filons inexploités d'une pierre précieuse que l'on nommait communément Ysthenyë, un minéral de couleur violette, assez translucide et dont la dureté semblait surpasser une bonne partie de celles des autres gemmes connues. On en trouvait peu, et la quantité qui était en vue en cet endroit laissait entendre que ce passage était peu fréquenté, pour ne pas dire désert. Alniyiah ne put s'empêcher de s'approcher d'un des cristaux pour le voir de plus près, sa curiosité naturelle l'emportant sur son devoir d'avancer. Azanart, qui était derrière elle, fermant la marche, lui demanda de poursuivre son chemin, lui précisant que le moment était plutôt mal choisi pour s'extasier devant des gemmes.

Après une durée qu'aucun ne put estimer avec précision, plusieurs heures, plusieurs jours, les trois compagnons accompagnés par les prêtresses arrivèrent dans une grande cavité au plafond rocheux si haut qu'il était difficilement visible. La pénombre avait peu à peu remplacé la lumière mais contrairement à ce que les leethyan auraient pu croire, elles n'était pas aussi effrayantes que l'on racontait. Celles-ci, sans doute à cause du caractère naturel, sauvage et désert semblaient sûres. Le danger n'avait pas l'air de les guetter dans le moindre interstice de pierre. Ils allaient enfin pouvoir se reposer sans craindre quoi que ce soit pour la première fois depuis leur départ de l'Ahel. Rien que cette pensée suffit à réjouir les fuyards. La fatigue se faisait vraiment sentir et il s'agissait là de reprendre une bouffée d'air frais avant de continuer.

Idée qui fut approuvée sans la moindre once d'hésitation par l'ensemble de la petite compagnie. Azanart se dirigea alors vers son cheval afin de prendre les bagages qui contenaient couvertures en tout genre mais aussi vivres. Il installa le tout à même le sol en regardant furtivement tous les recoins de la caverne, toujours sur ses gardes.

L'endroit est sûr, affirma Shaeahavain en adressant un sourire qu'elle voulut rassurant au maître d'armes.

Nous sommes les gardiennes du secret de l'existence de cette voie, ajouta Luelya. Elle passa sous silence involontairement l'identité du vrai gardien de ce passage souterrain.

Azanart, malgré les affirmations des prêtresses, n'avait aucune confiance. Pas plus qu'il n'en avait en elles, à vrai dire. Car il se méfiait. Selon lui, quitter leur lieu de culte pour les accompagner n'était pas une bonne chose et n'avait rien de naturel. Soit elles avaient une idée en tête et profitaient de la situation, soit y étaient obligées par un tiers. Dans les deux cas, cela ne lui plaisait pas. Mais il n'en dit rien, constatant qu'aucune des deux femmes qui l'accompagnaient ne réagissait à ce fait.

***

Mon cher ami, déclara Mahylen Azalkayanah, les bras grand ouverts en signe d'accueil chaleureux, bienvenue parmi nous. Il souriait, mais il était évident que ce sourire était forcé et non naturel.

Je te remercie, répondit l'intéressé, inquiet, en oubliant le voussoiement de rigueur lors de ses visites officielles à Alz. Je crains que ma visite en ces lieux ne soit pas de bonne augure, ai-je tort ? demanda-t-il en suivant, comprenant que la demande de sa venue quasi immédiate n'était pas des plus habituelles.

J'ai bien peur que non, affirma le roi de l'Ahel. L'heure est grave, mon ami, commença-t-il alors que l'invité, un homme d'une tête de plus que le roi haraz et aux ailes immaculées, attendait la suite des explications avec inquiétude.

Il y a maintenant quelques jours, un homme, peut-être un dalminan ou un keyievite...

Un toleki ! s'exclama la reine, qui siégeait sur son trône, coupant la parole au roi.
Ou un toleki, en effet, reprit-il alors, sans vraiment savoir de quelle origine était cet homme terrifié et en haillons qui s'était présenté à eux.

Brun, cheveux coupés courts mais en bataille, yeux noisette, une robe de mage en très mauvais état, énuméra Zayiah, se remémorant l'apparence du messager. Mais cette description ne provoqua aucune réaction, l'yllealyë ne semblant pas être plus avancé.

Cet homme nous a annoncé qu'un certain Kelnozz convoitait l'épée des souverains de l'Ahel et qu'un refus de notre part entraînerait notre perte, finit le roi pendant que le visage de Keral'Liannon Myriath, le mage le plus éminent du royaume voisin d'Eylyn, passait à la stupeur puis à l'effroi. Mais il ne paraissait pas connaître ce nom. Ce qui l'interpelait, c'était la demande de cet artefact qui avait fait couler tant d'encre et de sang sans que personne sache réellement pourquoi il était autant convoité ni l'étendue des prétendues propriétés magiques qu'il possédait.

Kelnozz Eryl'Anthiir, compléta la reine, qui connaissait plutôt bien l'identité du maître chanteur. Un eweà, l'archimage d'An'Elroch... Sa voix exprimait une certaine aversion envers cette personne, bien qu'elle ait les mêmes origines que lui. Il paraît qu'il est depuis peu...

Une liche, la coupa l'eylyani aux ailes blanches, se remémorant quelques propos qu'il avait entendus, en effet, je me souviens d'en avoir ouï dire. C'est mauvais, tout ça, très mauvais... laissa-t-il alors échapper à haute voix. Les deux souverains approuvèrent à ces mots qui avaient, en plus de ce fait, à se soucier de la vie d'Alniyiah.

Et ma fille est partie chercher l'épée, finit Mahylen, aggravant un peu plus la situation aux yeux de l'archimage eylyani, ce dernier comprenant très bien de quelle épée il s'agissait.

Comment ? s'exclama se dernier en ouvrant de grands yeux de stupéfaction, préférant de loin avoir mal compris.

Je crains que tu aies bien entendu, Keral', confirma le haraz, laissant tomber le vouvoiement et tutoyant comme à son habitude son ami de toujours.

Nous devons l'en empêcher, l'épée ne doit pas tomber entre les mains de ce Kelnozz ! s'exclama l'yllealyë. J'ignore quelles sont ses propriétés réelles et ce qui s'est passé lors du rituel de sa création, mais je m'en méfie comme la peste et refuse de la laisser entre ses mains.
J'ai déjà envoyé des hommes à leur poursuite pour les raisonner et les faire abandonner leur idée. Ils devraient les rattraper sous peu, affirma-t-il alors, montrant par là son implication.

Bien, plus vite ils seront revenus, mieux ce sera. Mais nous avons un problème de taille, je doute que ce mage d'An'Elroch apprécie beaucoup ton refus. J'espère me tromper, mais je pense que nous allons devoir nous attendre à une réponse virulente de sa part. Les liches ne sont pas connues pour faire dans la dentelle...
Surtout lui ! s'exclama à son tour Zayiah. Les yeux des deux hommes se tournèrent simultanément vers elle. Il était déjà loin d'être tendre à l'époque où je l'ai connu, bien au contraire, alors je n'ose pas imaginer ce qu'il a pu devenir... Sa voix trahissait sa crainte et un profond dégoût.
Tu l'as connu ? répéta le haraz, stupéfait mais comprenant à présent pourquoi elle s'inquiétait plus que n'en avait l'air l'yllealyë, bien que ce dernier ait déjà l'air plus ou moins paniqué par ce qu'il venait d'énoncer. Et la reine d'acquiescer en silence, évitant volontairement de s'étendre sur le sujet qui lui rappelait un passé lointain qui ne lui ressemblait plus et qu'elle cherchait à présent à fuir.

Je vais tâcher de réunir le haut conseil des archimages, une telle menace ne doit pas être prise à la légère et pourrait bien concerner bien plus de monde qu'il y paraît... énonça Myriath, revenant au fil de ses pensées. La reine fronça les sourcils à ces propos un bref instant, ayant du mal à saisir où il voulait en venir. S'il obtient l'épée, qui sait ce qu'il en fera. Je doute fort qu'il ne fasse qu'adouber des chevaliers avec, ironisa alors l'homme ailé. Sa... son état actuel... dit-il en se raclant la gorge, prouve sa soif de pouvoir et de connaissances. Et je ne serais pas étonné s'il envisageait de tenter d'en acquérir toujours plus, et pas uniquement en Ahel !
Je n'en serai pas surprise non plus, affirma Zayiah.

Bien, dans ce cas, si tu n'as aucune protestation à faire, je vais réunir le conseil. Je pense qu'une aide supplémentaire ne sera pas de trop si jamais Kelnozz décide de mettre sa menace à exécution. Le souverain de l'Ahel ne put nier cette évidence. De nature prudente, il était du genre à adopter le célèbre dicton que Zayiah cita, comme lisant dans ses pensées.
Mieux vaut prévenir que guérir. Elle exprima par ces mots son approbation par rapport à la proposition de l'archimage d'Eylyn.

Fais, mon ami, fais donc. Bien que je ne souhaite en aucun cas vous mêler à cela, qui pourrait ainsi devenir tout aussi périlleux pour vous que pour l'Ahel, je ne puis nier que j'apprécie ta proposition et que je l'accepte volontiers. Il adressa un sourire à son cousin lointain. Mais promet-moi qu'aucune personne ne sera mêlée à cela contre son gré ou inutilement.
Il en sera selon ta volonté, n'aie crainte, répliqua alors l'yllealyë, se voulant rassurant. Mais il savait que les choses avaient peu de chances de se passer ainsi. Il imaginait déjà la réaction du mage le plus éminent de l'île darkhenyane, qui refuserait certainement par peur d'être confronté à cette créature de mort. De même pour les éventuels soldats qui, même s'ils les aideraient par loyauté, ne le feraient pas par plaisir. Mais il taisait ce fait volontairement, le considérant comme décourageant, chose inutile et inappropriée face à la situation.

Je ne te retiens pas plus longtemps, déclara le descendant de Thryan Azalkayanah.

Je te remercie, dit-il en effectuant avec humour une courbette digne des ambassadeurs zythrewën craignant de manquer de respect à un roi. Le haraz, habitué aux frasques quelque peu excentriques de son ami et cousin, prit cela avec humour mais se retint de rire, jugeant le contexte inapproprié.

Et pas de folies ! s'exclama-t-il alors, pensant que l'yllealyë pouvait le surprendre dans la notion d'aide apportée, et pas uniquement dans le bon sens du terme. En effet, il n'aurait pas été étonné si on lui avait dit que l'eylyani avait choisi une approche plus dangereuse du problème qu'il aurait pensé.

Pas de folies, promit ce dernier, même si rien que le fait d'oser se préparer en vue de l'application de sa menace est déjà de la folie tant l'issue est compromise, finit-il dans sa tête.

Je vous remercie pour tout, déclara alors la reine, quelque peu rassurée de l'aide que leur proposait l'un des souverains du royaume voisin d'Eylyn. Parole à laquelle l'intéressé répondit simplement par un sourire. Pour lui, il était naturel d'aider Mahylen, à la fois en tant que membre de sa famille et en tant qu'allié diplomatique.

Je vous ferai connaître les décisions prises par le conseil dès que possible, déclara l'yllealyë.

***

Un bruit dans l'obscurité, le froid qui mordait ses chairs, un autre bruit, plus proche cette fois-ci. Puis d'autres. Une ombre furtive dans un coin, menaçante, une présence qui l'entourait. Du coin de l'œil, il distingua une forme, un être vivant qui se faufilait entre les parois rocheuses de la caverne où il était. Encapuchonnée, la silhouette passa sans qu'il puisse l'identifier. Brièvement, un éclat argenté tranchant avec l'obscurité alentour se fit voir, puis plus rien. Le silence était pesant, l'atmosphère aussi. Parfois, une goutte tombait du plafond de la cavité rocheuse pour se joindre bruyamment à un lac souterrain qui était hors du champ de vision d'Azanart. De l'autre côté, une odeur âcre se dégageait d'une petite colonie de champignons rouge sang. Il était debout, tremblant d'inquiétude, regardant frénétiquement autour de lui, la main portée à la garde de son épée. Une autre ombre se faufila dans son champ de vision, puis encore une autre. Il sentait les muscles de ses membres se raidir sous l'effet de l'angoisse qui montait peu à peu en lui au fur et à mesure que les secondes passaient. Ses yeux ne cessaient de regarder autour de lui. Il ne distinguait rien dans cette pénombre à part le très bref éclat argenté -certainement le fruit de son imagination-, juste la sensation de ne pas être seul. Une sensation de froid envahit son épaule. Était-ce le fruit de son imagination ? C'est ce qu'il crut. Mais un contact se fit sentir, tout aussi glacial. Une main, posée sur son épaule avec une irréelle lourdeur. Il hésita à se retourner et faire face à celui qui lui saisissait à présent le bras avec fermeté et lui glaçait le sang, mais il ne céda pas à la peur et se décida à lui faire face. Un homme, au vu de son physique musclé et de sa carrure thoracique nettement plus élevée que celle d'une femme, encapuchonné de noir et se fondant ainsi dans l'obscurité alentour. Seule une mèche de cheveux blancs dépassait du vêtement et laissait entrevoir la nature de cette personne. Chose qui fut confirmée à Azanart en voyant son autre main d'ébène porter à son cou la lame d'une dague sacrificielle.

Vous ne sentirez rien, n'ayez crainte, déclara l'eweà d'une voix sinistre et étrangement calme.

Je... tenta le haraz en balbutiant une suite incompréhensible à son début de phrase.

Puis le fil de la lame frôla ses chairs. Un énième contact gelé sur sa peau, cette fois ci doublement mordant. Il regardait l'homme dans les yeux ; yeux qu'il ne distinguait pourtant que très mal, dissimulés sous la capuche de l'homme ; pendant que le gel sur sa peau se transformait en brûlure vive et localisée au niveau de la base de sa gorge. Le métal était entré en contact rapidement avec sa peau, sans qu'il puisse réagir, et il sentait à présent une douce chaleur là où la douleur faisait rage. Dans un dernier élan de survie avant la fin, il tenta de saisir la garde de son épée, mais n'y parvint pas. Il avait beau chercher, tâtonner, il ne trouvait pas, elle n'y était plus alors qu'il l'avait sentie quelques minutes auparavant. Pas même le fourreau de son arme qui était pourtant toujours attaché à sa ceinture. Rien. Il se retrouvait à la merci de cet eweòë menaçant qui avait déjà attenté à sa vie, sans rien pouvoir faire d'autre que crier. Un hurlement d'agonie qui lui sembla durer une éternité...

Maître Elindën ?

Une voix se fit entendre alors qu'il voyait sa vie défiler devant ses yeux.

Maître Elindën ? répéta la voix avec insistance.

Lui qui avait fermé les yeux pendant son agonie les rouvrit.

Encore ce mauvais rêve qui vous hante ? Il put alors constater que la prêtresse de Vhaidra Aeswiir se trouvait à côté de lui. Elle lui parlait d'une voix douce, mais il avait du mal à saisir ce qu'elle pouvait bien dire. Il émergeait lentement de son cauchemar. Le troisième en quatre nuits depuis qu'ils étaient rentrés dans ce passage souterrain.

Je crois bien, bafouilla-t-il alors. Mais cela avait l'air si réel...
Vous ne courez aucun danger, ici, répéta l'adepte de Vhaidra. Aucun eweà n'a accès à ce passage, soyez sans crainte, affirma-t-elle.

J'aimerais pouvoir vous croire, répondit le maître d'armes, non convaincu par ces propos.

Il était évident pour les femmes qui l'accompagnaient que le guerrier craignait les habitants des Profondeurs plus que tout. Au point même d'en rêver de manière récurrente. Mais aucune d'entre elles ne savaient exactement ce qui avait déclenché chez lui une telle crainte. Il y avait cependant une hypothèse plus probable que les autres et qui était en rapport avec les raids répétés d'eweàn en Ahel. Mais cela ne suffisait pas à justifier ces peurs nocturnes.

Le guerrier se leva, n'oubliant pas au passage de s'emparer son épée et de s'en équiper. Il demanda ensuite l'aide de ses compagnes de route leur aide pour remettre son plastron de cuir. Il semblait décidé à repartir au plus vite et n'avait pas l'air d'avoir très envie de parler de son rêve. Il considérait qu'elles l'avaient déjà entendu et qu'une fois de plus ne changerait rien.

Une fois avoir revêtu son armure de cuir souple au complet, il demanda leur départ immédiat. Il avait déjà rassemblé ses affaires et était prêt. Ses accompagnatrices, toutes sorties de leur méditation par son hurlement, approuvèrent. Puisqu'elles étaient éveillées, autant reprendre leur route. Cela leur permettrait de diminuer leurs chances de se faire rattraper par les soldats du roi.

J'ai toujours cru que les Arhtenelhien n'étaient qu'une invention des tolekis, osa Alniyiah après de longues minutes de marche silencieuse. Ils sont tellement étranges !

Ce fait est vrai, répondit la dénommée Shaeahavain en riant. Ces hommes sont particuliers. Mais il ne s'agit en rien d'une légende. Nous sommes les messagères de nos divinités à travers tout Heeldä.

Et l'arbre ? Il paraît qu'il est vivant, doté d'une personnalité propre, qu'il parle et même se meut... avança la fille du roi de l'Ahel en énonçant les rumeurs qu'elle avait entendues à propos de cette entité végétale.
Ces hommes ont l'imagination sacrément fertile ! se gaussa Shaeahavain, trouvant cette idée plus que saugrenue.

Tout être végétal possède une âme et personnalité, corrigea Eyrilith, l'adepte de Vhaidra, qui officiait également au sein des Arhtenelkhien en tant que druidesse. Vous êtes juste incapables de les ressentir... grogna-t-elle, lassée de devoir encore le répéter à la guide de l'expédition. Alniyiah, malgré sa question précédente, approuva en silence, croyant de plus en plus que les végétaux, en êtres vivants à part entière, avaient probablement une âme et méritaient autant de respect qu'un autre.

Le silence se fit à nouveau entre les membres de l'équipée et ces derniers continuèrent leur chemin à travers un tunnel étroit et sinueux. Ici et là, des renfoncements dans la roche, mais ne menant nulle part ailleurs qu'à un amas de champignons troglodytes au chapeau de couleur vive. De la même manière, les murs naturels étaient parsemés sporadiquement de veines de minerais en tout genre, inexploités malgré la qualité apparente et la relative abondance de ces ressources précieuses. L'humidité se faisait sentir, certains pans de murs suintant l'eau de pluie qui s'infiltrait dans la roche pour rejoindre les nappes souterraines. La température était relativement fraîche, mais tout de même plus chaude qu'à l'extérieur, où le froid hivernal commençait à faire rage, gagnant chaque jour en puissance, favorisant neige et gel. D'ici quelques semaines, voire quelques jours, la grande majorité des étendues d'eau de l'Ahel seraient recouvertes de glace et les régions près des montagnes déjà enneigées. Fort heureusement pour eux, ils ne ressentiraient que d'une manière atténuée les effets de l'hiver. Ils se dirigeaient vers le sud où, à cette période de l'année, régnait encore une douceur agréable en comparaison avec ce qu'ils quittaient. Mais ils redoutaient tout de même la traversée de la province d'Anwaen, connue pour son immense désert sableux. Ils craignaient que la chaleur y soit intenable, bien que moindre par rapport aux périodes les plus chaudes de l'année. Ceci dit, il n'y étaient pas encore.

Où sommes-nous exactement ? demanda soudain Azanart, pressé de retrouver la lumière de l'Inhael.

Ust n'est plus qu'à une journée de marche, répondit Shaeahavain après quelques instants de réflexion.

Un sourire naquit sur le visage de l'homme d'armes, qui se réjouissait déjà du moment où il quitterait ce tunnel humide.

Mais avant cela, il se pourrait que nous fassions une rencontre assez particulière, les informa Luelya.

Ah ? s'enquit Alniyiah, dont la curiosité venait d'être éveillée.

Un dragon, commença l'adepte d'Eàrawyn.

Dracosire, rectifia Eyrilith, insistant sur l'ancienneté de cette créature.

Ce mot en fit frémir plus d'un. Même s'ils ne savaient pas avec exactitude la différence entre le dragon et le dracosire, ce nom était assez inhabituel pour les mettre encore plus mal à l'aise que le seul mot dragon le faisait déjà.

Il ne va pas vous manger ! se mit à rire Shaeahavain.

Comment pouvez-vous en être sûre ? demanda Iryllaë, qui était restée silencieuse jusque là.

Il est le premier gardien de ce passage. Nul ne peut l'emprunter sans son autorisation, expliqua Eyrilith.

Et nous en bénéficions, ajouta Luelya.

La prêtresse d'Ylliaë fronça un sourcil, persuadée que les Arhtenelkhien leur cachait quelque chose. Mais elle n'obtint pas plus d'informations, même avec une demande explicite. Comment avaient-elle obtenu ce droit de passage ? Grâce à leurs divinités ? Par un autre moyen ? L'avaient-elles vraiment ? Tant de questions qui restaient sans réponse.

***

Et comment allons-nous faire ? demanda un des soldats au chef de l'expédition, le mage eweà. Il venait de voir ceux qu'ils poursuivaient s'engouffrer dans un passage à présent refermé et qu'ils ne savaient pas ouvrir.

Si nous ne pouvons passer par les profondeurs, alors nous emprunterons les chemins de montagne jusqu'à Ust ! répliqua Zerkhen, énonçant l'évidence.

Nous allons perdre un temps précieux... protesta l'un des soldats.
Voyez-vous une autre solution ? demanda Naïlo, connaissant d'avance la réponse qui lui serait donnée.
Non, confirma l'homme.

Bien, alors nous passerons par les Ennuagées, annonça le mage avec fermeté. Aucune protestation ? interrogea-t-il avec un air dissuasif.

Pourquoi vous... ne vous téléportez pas jusqu'à eux ? osa un autre soldat. Vous l'avez bien fait pour retourner à Alz...

Premièrement, mon cher, commença le frère de la reine en s'approchant du curieux, je ne connais pas le passage qu'ils ont emprunté. Or cette connaissance parfaite de la destination est nécessaire pour la réussite d'un tel sort, ignorant, expliqua-t-il à ses hommes. Ensuite, je ne pourrai, même si je pouvais les rejoindre, que demain. Je dois réviser ces sorts pour pouvoir à nouveau les utiliser, ajouta-t-il. Et je doute fortement qu'Alniyiah ou Azanart m'écoutent... eux qui ont toujours été méfiants à mon égard !

C'est juste, acquiesça l'un des soldats à propos de la dernière phrase du mage eweà.
Bien, inutile de tergiverser plus à ce sujet et reprenons notre route, nous avons du chemin à faire ! ordonna-t-il pour éviter volontairement de relever la dernière affirmation.

Et... commença un autre haraz, s'apprêtant à poser une question.

On ne discute pas ! répliqua sèchement Zerkhen, qui ne souhaitait pas discuter plus longtemps avec eux. En route ! Nous partons vers le Sud !

***

Cela faisait à présent plusieurs jours qu'ils marchaient dans le tunnel souterrain dans lequel les avaient menés les trois prêtresses du Haut Panthéon. Combien, ils l'ignoraient. Ils avaient perdu toute notion du temps, privés de l'astre qui rythmait habituellement leurs vies. Ils étaient comme perdus, égarés dans un monde inconnu qui, à défaut de leur être véritablement hostile, ne leur paraissait pas hospitalier pour autant. Sombre, humide et froid, tel était leur environnement actuel. L'Ahel n'étant pas réputé pour être un pays très chaud ou au climat trop sec, comme la majorité des royaumes septentrionaux de ce monde, le manque de lumière était sans nul doute le point qui les dérangeait le plus.

Depuis combien de temps sommes-nous ici ? demanda Alniyiah, espérant une réponse plus précise que « trop longtemps », comme disait Azanart.

Cela devrait faire une dizaine de jours, répondit Shaeahavain.

Onze, rectifia Luelya, la prêtresse d'Eàrawyn, la divinité du temps.
Un grondement se fit entendre, plus loin en avant dans le passage qui semblait s'élargir à vue d'œil. Un bruit qui ne rassura pas le guerrier. Hors de ce tunnel, il n'aurait pas craint un tel bruit, mais là, son mal être l'emportait et le rendait méfiant et presque craintif envers tout son anormal.

Au fur et à mesure qu'ils continuaient à avancer, ils purent distinguer une grosse masse volumineuse au centre de la salle souterraine. Entièrement recouvert de larges et solides écailles d'un bleu profond, un immense dragon semblait plongé dans un lourd sommeil. Tous s'arrêtèrent sur place en réalisant qu'il s'agissait là d'une des bêtes les plus dangereuses et craintes de cet univers et devant la taille gigantesque de l'animal légendaire qui dégageait une importante aura de puissance et inspirait à la fois la crainte et le respect. À côté de lui, les six leethyans étaient comme des fourmis. Cependant, il ne sembla pas prêter attention à l'arrivée de ces intrus.

Il ne nous attaquera pas ? demanda Alniyiah, qui ne quittait pas des yeux la créature dracomorphe.

Non, ne craignez rien, répondit Eirylith.

La bête prit une longue inspiration au moment où la prêtresse prononçait ces mots, ce qui eut le malheur de la rendre relativement peu crédible. Puis un souffle puissant résultant de l'expiration du dragon se fit sentir, un vent chaud et à l'odeur peu ragoutante balayant la large salle souterraine. Et le calme revint, aussi vite qu'il s'était envolé. Le repos de l'imposante créature ne paraissait pas le moins du monde perturbé par la présence d'intrus dans son domaine.
Les dragons sont endormis, reprit Eirylith. Nul ne sait pourquoi exactement, ni pour combien de temps.

Nous devrions nous méfier. C'est le calme avant la tempête... déclara Shaeahavain. Leur éveil risque d'être tumultueux.

Que voulez-vous dire ? questionna le soldat d'un air inquiet.

Mais seul le silence lui répondit. Aucune prêtresse ne lui répondit. Celle dont l'appellation commune devenait vite « Shae » montra cependant une envie certaine de répondre, mais elle se fit corriger du regard par Luelya qui le lui interdit. Les trois haraz sentaient là l'influence d'Eàrawyn sur sa prêtresse, une emprise de taille, ou alors une dévotion extrême à sa déité. En revanche, Eirylith était tout de même plus causante que Vhaidra, chose qui n'avait pas manqué d'étonner les compagnons, qui s'étaient attendus à un mutisme profond de sa part.

Nous devrions nous hâter, grogna soudain Eirylith sans que personne ne l'ait senti venir. Au ton qu'elle employa, les cinq comparses comprirent qu'il valait mieux ne pas poser de questions même si l'envie ne leur manquait pas.

Une fois n'était pas coutume, même Azanart ne dit rien. Il se contenta d'approuver en silence. Chose qui ne manqua pas d'être remarquée par les cinq femmes de l'équipée. Elles n'émirent aucun doute quant à la raison de ce silence : l'envie de regagner l'air libre. S'il avait connu le chemin qu'ils devaient emprunter, il aurait même volontiers pris la tête de l'équipée, mais il laissa ce soin aux prêtresses qui, elles, connaissaient ou tout du moins semblaient connaître le chemin menant à l'extérieur. Ils reprirent leur route à travers les tunnels sinueux et étroits. L'humidité était également omniprésente. De fines gouttes ruisselaient ci et là sur les parois rocheuses, sur quelques stalactites. Parfois, une de ces gouttes tombait sur un des compagnons, qui levaient alors la tête vers le plafond. Ils avançaient à un rythme lent mais d'un pas assuré sur le sol glissant du tunnel.

***

Un homme de grande taille et à la silhouette élancée arriva dans une salle circulaire où l'ordre était roi. Un large bureau près d'une large fenêtre laissant passer une lumière tamisée mais satisfaisante pour un quelconque travail ou lecture. Le long des murs, de chaque côté du bureau, deux lourdes bibliothèques emplies d'ouvrages en tout genre. Ceux-ci semblaient extrêmement bien rangés bien qu'ils soient probablement utilisés régulièrement.

Nous voilà bien avancés, déclara-t-il pour lui-même d'un air maussade. Il se trouvait près de la fenêtre, mais également à proximité d'un objet en pierre polie sur un piédestal en bois clair. Le minéral, ou plutôt cristal était d'une couleur grisâtre, marbré de blanc et d'un bleu très clair.
Il tira l'imposant fauteuil à bas dossier tapissé de bleu et s'y installa dedans. Il étendit ses deux longues ailes aux plumes immaculées, les reposant tandis que son esprit était perturbé par ce qui venait de lui être dit par son ami de toujours. Keral'Liannon Myriath, sorcier le plus renommé du royaume glacé d'Eylyn, était contrarié.

Trois coups sourds résonnèrent à la porte de son bureau. Puis trois autres, un peu plus forts.

Archimage ? demanda une voix que l'yllealyë connaissait bien.

Plus tard, répliqua le mage d'un ton las. Revenez dans quelques heures, ajouta-t-il.

L'on me fait dire qu'une créature dangereuse aurait été vue errant près d'Eydra, énonça l'homme qui attendait plus ou moins patiemment derrière l'imposante porte de bois.

Nous règlerons ce souci plus tard, ceci peut attendre, réitéra l'archimage, insistant sur le fait qu'il ne souhaitait pas être dérangé. Il ne demanda même pas de quoi ils parlaient. Juste cette phrase. Ce comportement n'était pas habituel chez lui. En temps normal, il aurait réagi et ouvert la porte dans la second qui aurait suivi cette annonce pour le laisser rentrer et trouver une solution à cet éventuel problème qui avait l'air de tracasser l'homme.

Derrière le bois, un soupir se fit entendre, ainsi que quelques paroles incompréhensibles avec une autre personne. La déception pouvait malgré tout se faire sentir dans ces voix. Puis des bruits de pas s'éloignant et le silence revint dans la salle circulaire.

L'yllealyë se prenait la tête entre ses mains fines. Pour un homme, il avait une carrure largement inférieure à la moyenne et semblait fragile. Mais il était en réalité dans le même cas que les autres yllealyël. Cette finesse morphologique faisait partie intégrante de leur anatomie et leur légèreté leur permettait un vol facilité. Cette caractéristique en déboussolait pourtant plus d'un !

Il était véritablement embarrassé par ce qu'il venait d'apprendre. Étant le gardien des manuscrits les plus précieux de tout Heeldä, il avait eu tout le loisir de parcourir les plus vieilles légendes, les plus anciens textes de l'univers. Parmi eux figurait un vieux codex dont la couverture de cuir pourpre commençait à montrer des signes de faiblesse due à l'âge. Cet ouvrage était l'un des plus précieux dont l'yllealyë ait la garde. Il était le seul et unique témoignage de la création de l'épée des rois de l'Ahel. Rédigé en ancien ahelani, il était à présent incompréhensible pour beaucoup de gens. Mais quelques rares savaient encore le déchiffrer. Dont lui, qui avait longuement étudié les langues anciennes de la région. Mais certains passages du livre étaient encore pour lui un mystère. Notamment ceux qui semblaient les plus intéressants à ses yeux : la partie concernant les enchantements de la lame. Il avait pu reconnaître des bribes de phrases arcaniques ici et là qui lui rappelaient vaguement certains sortilèges qu'il connaissait. Mais rien ne lui prouvait qu'il s'agissait bien de cela. Il avait tenté à plusieurs reprises de s'adresser à l'oracle d'Eyorah pour l'interroger à ce sujet, mais n'eut jamais la moindre réponse ou le moindre signe l'informant sur la véracité ou, au contraire une méprise, de son jugement. Bien qu'il n'en sache que peu sur cet artefact antique, ce qu'il avait pu tirer de ce codex n'avait rien pour le réjouir. Les écrits d'un dénommé Pewren y mentionnaient le fait que l'âme d'une ancienne divinité pourraient bien habiter l'arme. À défaut de preuve du contraire, il envisageait que cette possibilité soit vraie. Auquel cas deux hypothèses pouvaient être formulées. La première s'avérait dans le fond être assez commode, tant pour lui que pour le souverain de l'Ahel puisque la divinité en question pourrait commander l'épée et, il l'espérait, refuser d'aller à une liche. La deuxième semblait cependant être plus plausible et plus simple : l'épée agirait comme une arme habituelle et ne serait commandée que par le bras de celui qui la manierait ; autrement dit, la présence de Tyruà serait le fruit de l'imagination du dénommé Pewren.

Quelle que soit la réalité, il devait garder en tête toutes les hypothèses, y compris celles qu'il redoutait le plus. Il ne souhaitait pas être pris au dépourvu. C'est justement pourquoi il comptait bien, malgré l'interdiction du souverain du royaume voisin, faire appel à l'avis des autres archimages influents. Ensemble, ils aviseraient de la conduite à tenir face à cette menace, bien qu'il ait déjà une vague idée de la voie qu'ils emprunteraient. Face à une créature de mort comme ce Kelnozz, la diplomatie n'était pas envisageable, de même que le fait de l'ignorer simplement comme il aurait préféré.

Réunissant ses pensées, il se leva soudain de son fauteuil et se plaça non loin de la pierre sur son piédestal, face à la fenêtre, regardant au passage ce paysage familier. Il plaça sa main droite sur la boule polie, sentant là le froid du minéral inerte sur sa peau. De l'autre main, en même temps qu'il énonçait avec assurance une suite de mots, de syllabes, effectuait quelques mouvements complexes devant lui. L'air se troubla quelques secondes plus tard sur une surface à peine plus grande qu'un petit miroir. Un reflet irisé d'un bleu turquoise très léger para cet espace d'air tournoyant, le rendant presque palpable.

À ce moment-là, par un procédé légèrement différent de celui qu'il avait employé pour gagner le palais de l'Ahel, il put rentrer en conversation avec ses trois confrères à travers cet étrange déplacement d'air. Il murmura quelques mots dans sa langue maternelle, en pleine conversation. Nul ne pouvait entendre ce qu'ils lui répondait. Il s'agissait là d'un mode de communication privé auquel on ne pouvait prendre part sans invitation ou par des procédés magiques complexes. L'échange parut ne durer qu'une seconde pour l'yllealyë, mais il savait que le temps s'était écoulé plus qu'il ne le pensait. Ce fait fut en partie confirmé par de nouveaux bruits sourds sur le bois de la porte accompagnés de l'éternelle interrogation du lÿeà qui avait choisi de le servir. Mais ce n'était pas la seule preuve que le temps avait passé. À présent, il pouvait voir que la nuit avait déjà commencé depuis quelques temps. Peu lui importait, il avait transmis ses informations et eu une réponse satisfaisante. Ne pouvant rien faire d'autre ce soir-là, il vaqua simplement à ses occupations habituelles, rejoignant le lÿeà pour une soirée de repos après une maigre collation.
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